Antoine Mégret d’Étigny, un administrateur exemplaire

      Antoine Mégret d’Étigny, né le 28 novembre 1719 à Paris, il est un administrateur français remarquable qui laissa une empreinte indélébile sur les régions d’Auch et de Pau. Celui-ci est issu d’une famille de la noblesse de robe. De plus, son ascension fulgurante l’amène à occuper le poste prestigieux d’intendant de la généralité de Gascogne, du Béarn et de Navarre en 1751.

Statue d’Antoine Mégret d’Étigny à Auch

Plan de l’article:

  • Les origines familiales illustres d’Antoine Mégret d’Étigny
  • Un début de carrière prometteur
  • La nomination d’Antoine Mégret d’Étigny à l’intendance d’Auch et de Pau
  • Une administration juste et intègre
  • L’engagement sans failles d’Antoine Mégret d’Étigny
  • Luchon, joyau thermal renaissant
  • Une fin prématurée et un héritage durable
  • Une descendance illustre
  • Antoine Mégret d’Étigny en quelques mots

Les origines familiales illustres d’Antoine Mégret d’Étigny

      Les racines d’Antoine Mégret plongent dans la haute bourgeoisie de Saint-Quentin. Où son grand-père Nicolas Mégret exerce la fonction de procureur. Par ailleurs, cette lignée prospère s’installe à Paris au début du XVIIIe siècle, ouvrant la voie à une ascension sociale fulgurante. De plus, le père d’Antoine, François-Nicolas Mégret, amasse une fortune considérable en spéculant sur le commerce des céréales pendant la guerre de Succession d’Espagne.

Cette richesse permet à la famille d’acquérir les seigneuries d’Étigny et de Sérilly près de Sens. De plus, ils occupent des charges prestigieuses telles que secrétaire du roi et grand audiencier de France. Par ailleurs, les Mégret tissent des alliances avec d’autres familles influentes, comme celle de Guillaume François Joly de Fleury, procureur général au Parlement de Paris.

Un début de carrière prometteur

      Après des études chez les Jésuites, Antoine Mégret entame une carrière juridique prometteuse. À seulement 15 ans, il hérite de la seigneurie d’Étigny à la suite du décès de son père. En 1738, il devient substitut au Parlement de Paris, puis conseiller en 1740. De plus, la même année, il acquiert une demeure prestigieuse rue de l’Arbre Sec.

En 1744, grâce à un prêt de son futur beau-père Jean-Baptiste Thomas de Pange, Mégret peut acheter la charge de conseiller du roi et maître des requêtes ordinaires de l’hôtel du roi. Également, cette même année, il épouse Françoise Thomas de Pange, issue de la noblesse de robe lorraine, avec qui il aura trois enfants.

La nomination d’Antoine Mégret d’Étigny à l’intendance d’Auch et de Pau

      En avril 1751, Antoine Mégret d’Étigny est appelé à occuper le poste d’intendant de la généralité d’Auch et de Pau. Ainsi il administre une vaste région englobant la Gascogne, le Béarn et la Navarre. Malgré l’opposition initiale des parlements locaux, il entreprend d’importantes réformes pour moderniser et développer ces provinces.

À lire aussi:

Auch, au cœur de la Gascogne

Un réseau routier ambitieux

      L’une des priorités de Mégret est d’amélioration le réseau routier déficient de son intendance. En effet, il exploite judicieusement les corvées annuelles dues pour l’entretien des routes, tout en confiant les travaux les plus urgents à des entrepreneurs professionnels. Son objectif est de relier les principales villes de la région, de Bayonne à Toulouse et d’Agen aux Pyrénées, en plaçant Auch au cœur de ce vaste réseau.

Développement économique et agricole

      Soucieux d’éviter les disettes fréquentes à cette époque, Mégret encourage le développement de l’agriculture en défrichant de nouvelles terres et en introduisant la culture du maïs. Il tente également, sans grand succès, de promouvoir la sériciculture, l’amélioration des races ovines et la création de nouveaux haras.

Parallèlement, il soutint l’exploitation des forêts de montagne, des voies navigables, des forges, du thermalisme et des carrières de marbre. De plus, les industries traditionnelles comme les tuileries, les minoteries, les papeteries, les faïenceries, les entreprises textiles et les tanneries bénéficient également de son appui.

Urbanisme et embellissement des villes

      Partisan d’un urbanisme de qualité, Mégret d’Étigny favorise principalement l’embellissement des villes majeures de son intendance, telles que Bayonne, Dax, Saint-Gaudens, Tarbes, Pau et Luchon. À Auch, il transforme complètement le paysage urbain en faisant aménager deux nouvelles places, la place de la Patte d’Oie et celle de la Porte Neuve.

De nouvelles rues sont tracées, comme la rue d’Alsace (aujourd’hui rue Gambetta), qui relie la basse ville à la haute ville via le pont de la Treille. De plus, des bâtiments publics viennent orner le chef-lieu, tels que l’Hôtel de ville, l’Hôtel de l’intendance (l’actuelle poste) et un théâtre.

À lire aussi:

Tarbes, au cœur du Piémont pyrénéen

Une administration juste et intègre

      Au-delà de ses réalisations matérielles, Mégret d’Étigny se distingue par son intégrité et son sens de la justice. Bien qu’initialement hostile aux protestants, il finit par adoucir sa position, même après la révocation de l’édit de Nantes. De plus, il prend également l’initiative de rédiger des règlements qui visent à accorder un statut plus digne aux communautés juives discriminées du Pays basque, avant d’être désavoué par l’administration royale.

Fervent catholique, il fait preuve de souplesse sur des points symboliques, comme l’autorisation des courses de taureaux dans les rues, interdites auparavant par le duc de Richelieu. Cependant, il s’oppose fermement aux médecins communaux, jugeant cette institution pyrénéenne inutile et ne profitant pas réellement aux plus démunis.

L’engagement sans failles d’Antoine Mégret d’Étigny

      L’action de Mégret d’Étigny se caractérise par son dévouement inlassable à sa tâche. Ainsi, il parcoure sans relâche son intendance à cheval, veillant personnellement à l’avancement des chantiers dès les premières lueurs du jour. Plusieurs anecdotes témoignent en effet de sa présence matinale sur les sites de construction, après avoir assumé de longues mondanités la veille au soir.

Cet engagement total a un prix : Mégret doit avancer de nombreuses sommes sur sa cassette personnelle, contribuant ainsi à sa ruine financière. Malgré ces sacrifices, il demeure convaincu que son œuvre sera appréciée, comme en témoignent ses derniers mots:

«Je n’ai jamais eu en vue que le service de mon maître et le bien public, et quoique j’ai dérangé très considérablement ma fortune dans cette province pour les objets qui lui sont utiles, je n’y ai aucun regret, parce que j’ai rempli mon inclination, et que je crois que ma mémoire y sera chérie.»

Luchon, joyau thermal renaissant

      L’une des réalisations les plus marquantes de Mégret d’Étigny est la relance des thermes de Bagnères-de-Luchon. Ainsi, en 1759, il fait construire une route carrossable menant à la ville, malgré l’opposition initiale de la population locale. Puis, deux ans plus tard, il réorganise complètement les thermes, posant les bases de leur essor futur.

En 1763, il invite le maréchal du Plessis, duc de Richelieu, à venir prendre les eaux à Luchon. Ainsi, lors de cette visite, un cippe votif dédié aux nymphes du lieu est découvert en présence de d’Étigny et du Plessis, témoignage de l’ancienneté du thermalisme dans la région.

Le duc de Richelieu revient en 1769 accompagné d’une partie de la cour, lançant définitivement la renommée de la station thermale. Ainsi, pour perpétuer son souvenir, une statue d’Antoine Mégret d’Étigny fut érigée en 1889 devant les thermes de Luchon. De plus, l’artère principale de la ville porte encore aujourd’hui le nom d’allée d’Étigny.

Une fin prématurée et un héritage durable

      Malgré ses nombreux succès, Mégret d’Étigny doit faire face à l’hostilité tenace du Parlement de Bordeaux. Qui finit par avoir raison de lui. Ainsi, en mai 1765, il est rappelé à Paris suite à des remontrances qu’il a naïvement appuyées auprès du roi. Bien qu’il ait pu reprendre ses fonctions après cet exil forcé, sa santé décline rapidement, et il meurt à Auch le 24 août 1767, à l’âge de 47 ans.

Son œuvre n’est pas oubliée pour autant. Ainsi, sa mémoire est saluée aussi bien par les révolutionnaires que par le Consulat, l’Empire et la Restauration. Une seconde statue lui est érigée sur les allées d’Étigny à Auch, témoignage pérenne de son action bénéfique pour la région.

Une descendance illustre

      La famille Mégret d’Étigny perpétue la tradition des grands commis d’État au service de la France. En effet, le frère aîné d’Antoine, Jean-Nicolas Mégret, connait une brillante carrière comme intendant d’Auch, de Franche-Comté et d’Alsace. Avant de mourir brutalement en 1752, alors qu’il est pressenti pour le poste de contrôleur général des finances.

Le fils aîné d’Antoine, Antoine Jean-François Mégret de Sérilly, devient trésorier général de l’Extraordinaire des Guerres en 1782. Tragiquement, il est guillotiné en 1794 avec son frère Antoine Jean-Marie et Madame Élisabeth, sœur de Louis XVI.

Parmi les autres descendants notables, on peut citer Armand François Mégret d’Étigny, auditeur au Conseil d’État en 1810 et sous-préfet d’Auch en 1811. On peut citer également Anne François Victor Mégret d’Étigny, polytechnicien et lieutenant-colonel d’artillerie.

Antoine Mégret d’Étigny en quelques mots

      Au-delà de son action administrative, Antoine Mégret d’Étigny laisse une empreinte durable sur le patrimoine architectural et culturel de la région. Ainsi, ses réalisations urbaines, comme les places, rues et bâtiments publics d’Auch. Ils témoignent encore aujourd’hui de sa vision d’un urbanisme de qualité.

À Luchon, la statue érigée devant les thermes et l’allée portant son nom perpétuent le souvenir de celui qui relança le thermalisme local. En effet, cette station thermale, désormais renommée, attire chaque année des milliers de visiteurs. Ce qui contribue aussi au rayonnement économique et culturel de la région.

En somme, Antoine Mégret d’Étigny est un administrateur hors du commun. Qui allia intégrité, dévouement et vision à long terme pour le développement de son intendance. Ainsi, son héritage multiforme, des réalisations matérielles aux valeurs morales, continue d’inspirer et d’enrichir la Gascogne, le Béarn et la Navarre. Ils sont les témoins vivants de l’impact durable d’un homme sur son territoire.


Lien utile: Antoine Mégret d’Étigny sur Wikipédia


Articles récents:
  • Le martyr saint Papoul
    Le martyr saint Papoul, prêcheur du Ve ou VIe siècle, n’est pas seulement connu par un épisode tragique de l’histoire du Lauragais, c’est aussi un témoignage poignant de la ferveur de la foi chrétienne.
  • Antoine Mégret d’Étigny, un administrateur exemplaire
    Antoine Mégret d’Étigny, né le 28 novembre 1719 à Paris, il est un administrateur français remarquable qui laissa une empreinte indélébile sur les régions d’Auch et de Pau.
  • Olympe de Gouges, sa vie et ses combats
    Pionnière féministe à l’heure de la Révolution française, Olympe de Gouges est une figure emblématique. Elle inspire encore de nos jours pour affirmer les droits des femmes et milite contre l’esclavagisme.
  • Jean Jaurès, l’éminent socialiste
    L’illustre socialiste Jean Jaurès, né en 1859 à Castres, a marqué l’histoire par son éloquence captivante, sa vision progressiste et son dévouement indéfectible à la cause des travailleurs.

Author: Edmond