Au cœur de la Gascogne, la cité médiévale d’Auch abrite un trésor architectural d’une beauté saisissante – la cathédrale Sainte-Marie. En effet, cet édifice imposant est érigé sur l’emplacement d’une ancienne église romane du XIe siècle. Il constitue un véritable témoin de l’évolution des styles architecturaux à travers les siècles. Ainsi, sa construction, est entamée en 1489 et s’achève en 1680. Elle s’étale donc sur près de deux cents ans, expliquant ainsi la diversité des influences stylistiques qui s’y côtoient harmonieusement.
Sommaire :
La genèse mouvementée de la cathédrale d’Auch
La cathédrale Sainte-Marie d’Auch, une symphonie architecturale
La façade Renaissance de la cathédrale Sainte-Marie d’Auch
Un trésor sonore : les orgues
La cathédrale Sainte-Marie d’Auch, un écrin de trésors
Un sanctuaire vivant
La cathédrale Sainte-Marie d’Auch, un patrimoine préservé
Un attrait touristique majeur
La cathédrale Sainte-Marie d’Auch en quelques mots…
La genèse mouvementée de la cathédrale d’Auch
L’histoire de la cathédrale Sainte-Marie trouve ses origines au IXe siècle, lorsqu’une modeste chapelle fut édifiée sur la colline dominant le Gers. Ainsi, elle marque l’arrivée de Saint Taurin, évêque d’Éauze, au siège épiscopal d’Auch. Cependant, les invasions sarrasines et vikings successives entraînent la destruction de cet édifice primitif. Alors, une nouvelle cathédrale romane, dédiée à Saint Austinde, est construite grâce aux dons du comte Guillaume Astanove de Fezensac. Toutefois, elle subit le même sort tragique, ravagée lors d’un incendie en 1171.
Les prémices d’un chantier monumental
Les archevêques tentèrent à plusieurs reprises de reconstruire leur cathédrale, sans succès. Ce n’est qu’à la fin de la Guerre de Cent Ans que le projet d’un nouvel édifice prend forme. Celui-ci grandit sous l’impulsion de l’archevêque François de Savoie et de son vicaire général, Jean Marre. Ce dernier, un prélat renommé de la région et également un passionné d’architecture religieuse. Ainsi, grâce à des concessions d’indulgences accordées en 1469 et 1482, les fonds nécessaires à la reconstruction de l’édifice sont désormais réunis.
Le 4 juillet 1489, la première pierre de la cathédrale actuelle est posée sur les ruines de l’ancienne cathédrale romane. Ceci marque le début d’un chantier titanesque qui va s’étendre sur près de deux siècles.
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La cathédrale Sainte-Marie d’Auch, une symphonie architecturale
Bien que la cathédrale Sainte-Marie soit principalement de style gothique flamboyant, elle porte aussi l’empreinte de la Renaissance. En effet, elle reflète également les transformations stylistiques qui ont marqué son édification.
Le chœur et le déambulatoire : joyaux gothiques
La construction de la cathédrale a débuté par la crypte et ses cinq chapelles, car elles sont nécessaires pour compenser la forte déclivité du terrain. Puis, sous l’archiépiscopat de François de Savoie et de son successeur Jean-François de La Trémoille, le chevet et le chœur sont érigés dans un style gothique flamboyant épuré. Ainsi, les armoiries de ces deux prélats ornent encore aujourd’hui les arcs-boutants du pourtour du chœur.
Le déambulatoire et ses chapelles rayonnantes, voûtés dès 1507, abritent les célèbres verrières d’Arnaud de Moles. Celles-ci sont réalisées entre 1507 et 1513 et sont des chefs-d’œuvre de la Renaissance française. Elles comptent parmi les plus beaux vitraux de cette époque et offrent un contraste saisissant avec l’architecture gothique environnante.
La nef et les bas-côtés : une transition harmonieuse
Bien que la nef et les bas-côtés ont été érigés plus tardivement, les bâtisseurs ont respecté le style gothique initial. Ils témoignent ainsi leur volonté de préserver l’harmonie de l’ensemble. Cependant, certains éléments, tels que les portes latérales, réalisées par Jean de Beaujeu entre 1560 et 1562, reflètent déjà l’influence de la Renaissance.
Le chantier des stalles
Parallèlement à la construction des murs, il est entrepris l’aménagement intérieur de la cathédrale. Ainsi, entre 1510 et 1552, sous l’égide du cardinal François de Clermont-Lodève, les stalles du chœur sont sculptées dans un style gothique flamboyant. Mais on peut remarquer l’influence de la Renaissance italienne sur son ornementation. Ces 113 stalles en chêne, ornées de plus de 1500 personnages issus de la Bible, de la mythologie et de la vie quotidienne, constituent un ensemble iconographique d’une richesse exceptionnelle.
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La façade Renaissance de la cathédrale Sainte-Marie d’Auch
Bien que le corps de la cathédrale soit résolument gothique, sa façade occidentale, achevée en 1680, témoigne de l’influence grandissante de l’architecture classique. Ainsi, son porche d’ordre corinthien, avec ses colonnes, pilastres, corniches et balustrades, contraste harmonieusement avec le style flamboyant de l’édifice. De plus, les deux tours carrées, culminent à 44 mètres de hauteur et encadrent majestueusement cette façade emblématique.
Un trésor sonore : les orgues
La cathédrale Sainte-Marie abrite deux orgues d’époques distinctes, qui témoignent de son riche passé musical.
Le grand orgue de Jean de Joyeuse
Dominant la nef depuis sa tribune, le grand orgue de Jean de Joyeuse, terminé en 1694, est un joyau de la facture d’orgue du XVIIe siècle. Celui-ci est restauré à plusieurs reprises, notamment en 1994 par Jean-François Muno. De plus, cet instrument majestueux déploie ses 3000 tuyaux dans un buffet de chêne grandiose, typique du style Louis XIV.
L’orgue de chœur d’Aristide Cavaillé-Coll
À la demande de l’archevêque Antoine de Salinis, Aristide Cavaillé-Coll réalise en 1859 un orgue de chœur de style néogothique, surmonté d’un grand calvaire. Cet instrument romantique, offert par Napoléon III et l’impératrice Eugénie, témoigne de l’engouement pour le néo-gothique au XIXe siècle.
La cathédrale Sainte-Marie d’Auch, un écrin de trésors
Au-delà de son architecture exceptionnelle, la cathédrale Sainte-Marie recèle de nombreux trésors artistiques et mobiliers remarquables.
La mise au tombeau
Dans la chapelle du Saint-Sépulcre, la Mise au Tombeau, attribuée à Arnaud de Moles, est un chef-d’œuvre sculptural du début du XVIe siècle. Ainsi, cette œuvre monumentale, inspirée des mystères médiévaux, représente le Christ descendu de la croix, entouré de ses proches et des saintes femmes.
Les retables et autels latéraux
Chapelle 19
Dans l’ogives du centre : Armoiries du Cardinal de Lescun (1463 à 1483)
En pied : Mathias, Esdras, le prophète Habacuq et la Sibylle de Tibur
Chapelle 15
Autel retable du XVIe, dans les niches : Saint Pierre, Sainte Catherine et Saint Henri
Les chapelles latérales abritent de magnifiques retables et autels, qui sont les témoins de l’opulence décorative de la cathédrale. Parmi eux, l’autel de Sainte-Catherine, commandé en 1521 par le cardinal de Clermont-Lodève. Celui-ci se distingue par son style Renaissance.
Chapelle 16
Autel de bronze doré (1875)
Dans les ogives, les trois fleurs de lys sont une évocation au blason royale
Le mobilier classé
De nombreux éléments du mobilier liturgique de la cathédrale sont classés monuments historiques. Tels que la chaire du XVIIIe siècle, les bénitiers, les fonts baptismaux et les grilles en fer forgé qui ornent les portails.
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Un sanctuaire vivant
Bien plus qu’un musée, la cathédrale Sainte-Marie d’Auch est un lieu de culte vivant, où se déroulent encore aujourd’hui les célébrations liturgiques de l’archidiocèse.
Le siège archiépiscopal
Depuis le IXe siècle, le site de la cathédrale Sainte-Marie est le siège de l’archidiocèse d’Auch. Dont l’autorité s’étendait jadis des Pyrénées aux portes de Bordeaux et de Toulouse à l’océan Atlantique. De nos jours, l’archevêque d’Auch porte également les titres d’évêque de Condom, Lectoure et Lombez.
En 2020, Mgr Bertrand Lacombe a été nommé 119e archevêque d’Auch par le pape François, ce qui perpétue une tradition séculaire.
Un haut lieu de pèlerinage
La cathédrale Sainte-Marie est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France. Ainsi, elle accueille chaque année de nombreux pèlerins en route vers le célèbre sanctuaire espagnol. En effet, sa crypte abrite les reliques de saints vénérés, car elle est un lieu de dévotion privilégié pour ces voyageurs spirituels.
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La cathédrale Sainte-Marie d’Auch, un patrimoine préservé
La cathédrale Sainte-Marie est classée monument historique dès 1906, elle bénéficie ainsi d’une protection vigilante. Ce qui témoigne de l’attachement des Auscitains à leur joyau architectural.
Chronologie des différentes restaurations
Dès le début du XIXe siècle, des efforts considérables ont été déployés pour préserver et restaurer la cathédrale. De Jean-Baptiste Lodoyer en 1826 à Alexandre Marcel en 1903, en passant par Hippolyte Durand et Charles Laisné au milieu du siècle, de nombreux architectes diocésains se sont succédés pour mener à bien ces travaux titanesques.
Le musée du Trésor
Inauguré en 2015, le musée du Trésor de la Cathédrale, installé dans la Tour d’Armagnac, offre aux visiteurs un aperçu de la richesse du mobilier liturgique auscitain. Plus de 230 objets d’art sacré, allant des statues aux textiles en passant par l’orfèvrerie, y sont présentés dans une scénographie moderne et interactive.
Un attrait touristique majeur
Grâce à sa beauté exceptionnelle et à son riche passé, la cathédrale Sainte-Marie d’Auch attire chaque année des visiteurs du monde entier, fascinés par ce joyau architectural.
Une ville d’art et d’histoire
Auch, ancienne capitale de la Gascogne et patrie légendaire de D’Artagnan, offre aux touristes bien d’autres attraits que sa cathédrale. À l’image du musée des Amériques qui abrite la deuxième collection d’art précolombien et latino-américain de France. De plus, les fortifications médiévales, les pousterles et la maison Henri IV sont autant de témoins du riche patrimoine de cette cité.
Des événements culturels renommés
Festivals de musique, de cirque actuel et de cinéma rythment la vie culturelle auscitaine, faisant d’Auch une étape incontournable pour les amateurs d’art et de spectacle vivant.
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La cathédrale Sainte-Marie d’Auch en quelques mots…
Véritable synthèse des styles gothique flamboyant et Renaissance, la cathédrale Sainte-Marie d’Auch est un témoignage saisissant de l’évolution de l’art architectural à travers les siècles. Son histoire mouvementée, ses trésors artistiques et son rôle central dans la vie spirituelle et culturelle de la région en font un joyau inestimable. Elle est la digne héritière du rayonnement de l’ancienne capitale de la Gascogne.
Lien utile: Auch Tourisme
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