Village de Collioure photographié depuis la baie, on y voit des bateaux au premier plan puis l'église Notre Dame des Anges et le village de pêcheurs

Collioure : les secrets du plus beau village des Pyrénées-Orientales

      Le village de Collioure vient d’être élu « Village Préféré des Français » en 2024, et nous comprenons parfaitement pourquoi. Celui-ci est niché sur la Côte Vermeille dans les Pyrénées-Orientales. Ainsi, ce joyau méditerranéen nous enchante avec ses 2.600 heures d’ensoleillement annuel et son histoire millénaire qui remonte au VIe siècle avant J.-C.

Depuis sa fondation par les Grecs, Collioure nous raconte une histoire fascinante à travers son château royal du XIIIe siècle et son riche patrimoine culturel. De plus, ce village haut en couleur est reconnu aujourd’hui comme la « Cité des Peintres », notamment grâce à des artistes comme Henri Matisse et André Derain. Ce village d’environ 2500 habitants nous dévoile également ses trésors comme les anchois traditionnels ainsi que des vins AOC Collioure et Banyuls. On citera aussi ses paysages pittoresques qui ont inspiré tant d’artistes.

Nous vous emmenons de ce pas à la découverte des secrets les mieux gardés de ce village enchanteur, de ses ruelles historiques jusqu’à ses criques isolées, tout en explorant son patrimoine unique et sa vie locale authentique.

Plan de l’article :

  • L’histoire fascinante de Collioure
  • Les trésors cachés du village
  • L’héritage artistique unique de Collioure
  • Une vie locale authentique
  • Collioure en quelques mots…

L’histoire fascinante de Collioure

      Les premières traces de vie à Collioure remontent à une époque lointaine, bien avant notre ère. En effet, les marins phéniciens et grecs ont initialement utilisé son port naturel pour le commerce dès 600 av. J.-C. Puis, au fil des siècles, ce petit havre a attiré successivement les Romains, qui ont dominé la région pendant sept siècles, puis les Wisigoths vers 600 après J.-C.

Des origines antiques au Moyen Âge

      Notons les dolmens découverts près du hameau du Rimbau et au col del Molló qui témoignent d’une présence humaine préhistorique.

De plus, le site de Collioure, alors nommé Caucoliberis dans les textes latins, joue déjà un rôle stratégique majeur, comme en atteste la première mention du château en 673.

Puis, en 981, un tournant décisif s’opère lorsque le roi Lothaire confie à Guifré, comte d’Empúries et de Roussillon, la mission de fortifier les terres côtières entre Collioure et Banyuls. Cette décision marque le début d’une nouvelle ère pour la cité portuaire.

Le château royal de Collioure : témoin des âges
Imposante forteresse de Collioure en bord de Mer lors d'un couché de Soleil
Le château royal de Collioure – AdobeStock

      Véritable joyau architectural, celui-ci connaît sa transformation la plus significative entre 1242 et 1280. Ainsi, sous le règne des rois de Majorque (1276-1344), la forteresse devient une résidence royale prestigieuse. Cependant, en 1344, un événement marquant survient: l’armée de Pierre IV d’Aragon investit Collioure par terre et par mer et force la ville à capituler le 24 juin.

Les modifications architecturales se poursuivent au fil des siècles. À l’image d’Alphonse V d’Aragon qui fait construire en 1454 une barbacane devant la porte du château. Plus tard, sous Louis XIII, en 1642, environ 10 000 soldats assiègent la forteresse. Après l’annexion française de 1659, Vauban dirige d’importants travaux de fortification, notamment la surélévation systématique des remparts et la création d’une demi-lune.

L’âge d’or de la pêche et du commerce
Le moulin ancien de Collioure
Le moulin de Collioure – AdobeStock

      Au Moyen Âge, Collioure s’impose comme un centre commercial majeur. Les échanges sont particulièrement intenses sous le règne des rois d’Aragon. Ainsi, le port exporte des produits variés: draps fins, huile, vin, amandes, noisettes, bétail, peaux ou encore du fer. En retour, la ville accueille des marchandises précieuses comme des épices, de la garance, du pastel, de l’or et de l’argent.

Par ailleurs, la pêche, notamment celle de l’anchois, devient au fur et à mesure l’activité emblématique de Collioure. Au XIXe siècle, cette industrie connaît alors un essor remarquable. Afin de soutenir cette production cruciale, la ville bénéficie d’une exemption de la gabelle, l’impôt sur le sel, instaurée par Louis XI. Toutefois, au fil du temps, le nombre d’entreprises de salaison diminue considérablement. Puis, durant la guerre d’Algérie, l’anchois connaît un nouvel âge d’or. Néanmoins, de nos jours seules deux entreprises subsistent, elles emploient tout de même une soixantaine de personnes.

Les trésors cachés du village

      Au cœur de la Côte Vermeille, nous découvrons les trésors cachés de Collioure, un village qui préserve ses détours les plus secrets.

Les ruelles typiques du vieux quartier
Rue colorée de teintes chaudes et de plantes méditerranéennes à Collioure
Rue colorée de Collioure – AdobeStock

      Dans le quartier historique du Mouré, nous empruntons des ruelles escarpées où chaque détour révèle une nouvelle surprise. Telles l’avenue de l’égalité, la rue de la fraternité, la rue du Mirador ou encore la rue Bellevue qui forment un véritable musée à ciel ouvert. De plus, les façades colorées et les maisons fleuries créent une atmosphère unique, particulièrement appréciée des visiteurs en quête d’authenticité.

Notons aussi le quartier du Faubourg, autrefois habité par des familles protestantes, qui nous dévoile à son tour ses charmes. Ce secteur, historiquement dédié aux marins et aux pêcheurs, abritait notamment une trentaine d’ateliers de salaisons d’anchois au début du XXe siècle.

Les superbes criques à découvrir
Le fort Saint-Elme sur les hauteurs de Collioure
Le fort Saint-Elme de Collioure – AdobeStock

      Contrairement aux stations balnéaires traditionnelles, Collioure nous offre des plages singulières, alternant entre galets et sable fin comme la crique de l’Ouille, nichée en contrebas des falaises.

Parmi les joyaux cachés, nous trouvons la crique Boramar, située au cœur du village. Celle-ci est entourée de l’église Notre Dame des Anges et du Château Royal. Vient ensuite la crique de la Balette, moins connue mais offrant une vue époustouflante sur toute la baie et l’église de Collioure. Puis, la plage de Port d’Avall, une crique sauvage préservée du tourisme de masse, accessible par un sentier escarpé. N’oublions pas la crique des Batteries, entourée de falaises, qui nous offre des eaux turquoises et une vue imprenable sur les monuments de Collioure.

L'église Notre-Dame des Anges en bordure de côte à Collioure
L’église Notre-Dame des Anges de Collioure – AdobeStock

L’héritage artistique unique de Collioure

      Les atouts naturels et la lumière exceptionnelle de Collioure ont façonné l’histoire de l’art moderne en France. Ainsi, en 1905, Henri Matisse, alors en quête d’inspiration, arrive dans ce petit port catalan sur les conseils de son ami Paul Signac. Dès lors, cette visite signe le début d’une révolution artistique qui transformera à jamais le paysage de l’art français.

La lumière qui a inspiré les peintres
Tableau de Collioure vu par Henri Matisse avec des couleurs chaudes
« Les Toits de Collioure » d’Henri Matisse, 1905

      Dès son arrivée, Matisse éprouve un choc visuel devant l’intensité lumineuse du lieu. En effet, en moins de trois mois, son génie créatif explose. Il produit même plus de 15 toiles, 40 aquarelles et une centaine de dessins. André Derain, qui le rejoint en juillet, partage cet enthousiasme créatif et réalise 30 toiles, 20 dessins et une cinquantaine de croquis.

Avant même ces maîtres du fauvisme, Paul Signac a découvert Collioure en 1887. Toutefois, c’est véritablement le séjour de Matisse qui inscrit définitivement le nom du village dans l’histoire de l’art. Comme il l’exprime si bien: «Il n’y a pas en France de ciel plus bleu que celui de Collioure… Je n’ai qu’à fermer les volets de ma chambre et j’ai toutes les couleurs de la Méditerranée chez moi».

Rue colorée de teintes chaudes et des plantes méditerranéennes de Collioure
Rue colorée de Collioure – AdobeStock
Le chemin du Fauvisme aujourd’hui

      Afin de vous replonger dans l’été 1905, le village propose un parcours unique avec «le chemin du Fauvisme». Ainsi, cette promenade artistique présente dix reproductions stratégiquement placées aux endroits mêmes où Matisse et Derain ont posé leurs chevalets.

Le parcours s’étend de la Tour d’Aval à la Rue du Mirador, en passant par le Clocher. Des points d’intérêt remarquables jalonnent ce chemin comme la fenêtre de l’appartement Soulier, où les deux artistes ont peint «Le phare de Collioure» et «Intérieur à Collioure». Puis la plage du Faubourg, où se trouvait l’atelier de Matisse et enfin l’hôtel de l’auberge de la gare, point d’arrivée historique du peintre.

Tableau d'André Derain du phare de Collioure dans des teintes chaudes
« Le phare de Collioure » d’André Derain, 1905

Une vie locale authentique

      La vie quotidienne à Collioure bat au rythme de ses traditions séculaires, où pêcheurs, commerçants et habitants perpétuent un art de vivre authentiquement catalan.

Les fêtes populaires
Festival dans le Sud-Ouest, France – AdobeStock

      Les festivités colliourenques rythment l’année avec une intensité particulière. La plus emblématique, la fête de Saint-Vincent, se déroule du 14 au 18 août. De plus, cette célébration, dont l’origine remonte au 16 août 1701 constitue le moment fort de la vie locale. Où des milliers de visiteurs affluent pour participer aux processions en mer en barques catalanes, aux jeux nautiques, concerts, bals et sardanes.

Notons qu’en juin, la fête de l’anchois met à l’honneur les anchoïeurs locaux, «les Anchois Roque» et «les Anchois Desclaux», accompagnée d’un marché des producteurs célébrant les vins et spécialités régionales.

Le quotidien des pêcheurs

      Le port de Collioure, avec ses quinze pêcheurs professionnels, maintient vivante une tradition maritime séculaire. Ainsi, cette activité génère directement et indirectement près de 100 emplois dans la ville. Afin de préserver ce patrimoine, une modernisation importante du port est en cours, permettant aux pêcheurs de travailler dans de meilleures conditions tout en respectant les traditions ancestrales.

Dégustation des anchois locaux

      Les anchois de Collioure, reconnus par le label «Site remarquable du goût», représentent un héritage gastronomique unique. Deux maisons historiques perpétuent effectivement cette tradition: la Maison Roque, fondée en 1870, et la Maison Desclaux, établie en 1903.

Parallèlement, la Maison Desclaux, dirigée par Remy Desclaux, l’arrière-arrière-petit-fils du fondateur, maintient le même processus de fabrication qu’au Moyen-Âge. Dans leur maison mère, transformée en musée, les visiteurs découvrent l’histoire fascinante de cette entreprise familiale à travers des démonstrations et dégustations.

Collioure en quelques mots…

      Sans nul doute, Collioure mérite amplement son titre de « Village préféré des Français ». Car cette perle des Pyrénées-Orientales nous enchante par son mélange unique d’histoire millénaire, d’héritage artistique et de traditions ancestrales.

Les ruelles pittoresques du quartier du Mouré, les criques secrètes baignées de lumière méditerranéenne et l’atmosphère authentique du port de pêche créent ensemble une expérience inoubliable. D’ailleurs, l’influence des grands maîtres comme Matisse et Derain continue d’inspirer une nouvelle génération d’artistes, ce qui perpétue les traditions du village.

Goutez à la gastronomie locale, portée par les anchois traditionnels et les vins AOC Collioure. Ils nous rappellent que ce village préserve jalousement son patrimoine culinaire. En somme, ce qui rend Collioure vraiment spécial, c’est cette capacité rare à maintenir son authenticité tout en accueillant les visiteurs du monde entier.

Que vous soyez amateur d’art, passionné d’histoire, ou simplement à la recherche d’un havre de paix méditerranéen, Collioure vous promet des moments inoubliables au gré des saisons.


Lien utile: Office de tourisme de Collioure



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