Olympe de Gouges, sa vie et ses combats

      Nous allons vous parler aujourd’hui d’une femme qui a su gagner ses lettres de noblesse. Une combattante, mais aussi grande auteure, dont la vision est portée sur la Révolution, avec tous les changements qu’elle comporte. Il s’agit bien sûr d’Olympe de Gouges!!! Née Marie Gouze le 7 mai 1748 à Montauban, cette grande dame, visionnaire, imprègne l’histoire en devenant l’une des premières voix à défendre avec audace l’égalité des droits entre les hommes et les femmes. Ainsi, sa lutte inlassable pour l’émancipation féminine et l’abolition de l’esclavage fait d’Olympe de Gouges une figure emblématique de la Révolution française.

***

Croquis du portrait d’Olympe de Gouges

Plan de l’article :

  • Une jeunesse rebelle et indépendante
  • La dénonciation de l’esclavage : un combat précurseur
  • La déclaration des droits de la femme et de la citoyenne par Olympe de Gouges
  • L’opposition à la Terreur : la voix dissidente d’Olympe de Gouges
  • L’héritage d’Olympe de Gouges : une inspiration vivace
  • Olympe de Gouges en quelques mots…

La pionnière féministe et abolitionniste : le parcours révolutionnaire d’Olympe de Gouges

Une jeunesse rebelle et indépendante

      Bien que mariée à l’âge de 17 ans à Louis Aubry, un cuisinier de condition modeste, Olympe de Gouges refuse de se soumettre aux conventions patriarcales de son époque. Après la mort prématurée de son mari, elle décide de prendre son indépendance et quitte sa ville natale avec son fils Pierre pour s’installer à Paris.

Dans la capitale, elle embrasse sa vocation d’écrivaine et fréquente les salons littéraires, où elle s’imprègne des idées des Lumières. C’est ainsi qu’elle découvre sa passion pour la cause abolitionniste, qui deviendra l’un de ses premiers combats.

À lire aussi:

Montauban, ville d’art et d’histoire

La dénonciation de l’esclavage : un combat précurseur

Représentation de mains brisant les chaînes, symbolisant la libération et l’abolition de l’esclavage représenté par IA – AdobeStock

      En 1784, Olympe de Gouges écrit sa première pièce de théâtre intitulée « Zamore et Mirza ou l’Esclavage des Noirs ». Cette œuvre audacieuse dénonce avec force le système esclavagiste alors à son apogée. En effet, celle-ci soulève des questions fondamentales sur l’égalité et la fraternité entre les races.

Et bien que la pièce ne soit pas jouée avant la Révolution en raison de son message jugé trop subversif, elle marque un tournant dans la prise de conscience de l’opinion publique sur cette question brûlante. De plus, Olympe de Gouges poursuit son engagement en publiant en 1788 ses « Réflexions sur les hommes nègres », où elle plaide pour la reconnaissance de l’humanité des esclaves noirs.

Olympe de Gouges, voix Influente dans le mouvement abolitionniste

      La révolutionnaire se fait le porte-parole infatigable de la cause abolitionniste. Ceci, car Olympe de Gouges fréquente régulièrement les animateurs de la Société des Amis des Noirs. Ainsi, durant la Révolution, elle rédige une nouvelle pièce intitulée « Le Marché des Noirs » pour continuer à sensibiliser le public sur cette question.

Son influence dans ce mouvement est telle que l’abbé Grégoire, figure majeure de l’abolition de l’esclavage, la cite en 1808 dans sa « Liste des Hommes courageux qui ont plaidé la cause des malheureux Noirs ».

La déclaration des droits de la femme et de la citoyenne par Olympe de Gouges

Extrait de la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges

      Inspirée par les idéaux de liberté et d’égalité prônés par la Révolution française, Olympe de Gouges rédige en 1791 son œuvre majeure : la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ». Ce texte fondateur du féminisme moderne répond à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui excluait les femmes de ses principes d’universalité.

Dans ce manifeste audacieux, elle proclame:

« La femme naît libre et demeure égale en droits à l’homme. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. »

Elle revendique ainsi l’égalité des droits civils et politiques entre les sexes, réclamant pour les femmes le droit de vote, d’accès aux emplois publics et à la tribune.

Un appel à l’émancipation féminine

      Au-delà de cette déclaration historique, Olympe de Gouges milite pour une véritable émancipation des femmes dans tous les domaines de la vie publique et privée. Elle prône alors la réforme du mariage, le droit au divorce par consentement mutuel et l’égalité en matière de succession.

Son engagement féministe se traduit également par sa participation active aux débats politiques de l’époque. D’ailleurs, elle fréquente de nombreux clubs révolutionnaires et suit assidûment les travaux de l’Assemblée nationale, défiant ainsi les conventions qui excluaient les femmes de la sphère publique.

L’opposition à la Terreur : la voix dissidente d’Olympe de Gouges

Tableau de la prise de la Bastille et arrestation du gouverneur M. de Launay, le 14 juillet 1789, anonyme. Wikimédia

      Alors que la Révolution se radicalise avec la chute de la monarchie et l’avènement de la Première République, Olympe de Gouges se dresse contre la dérive terroriste du nouveau régime. Elle s’oppose à la condamnation à mort de Louis XVI, craignant que cet acte ne plonge le pays dans la guerre civile.

La confrontation avec les Montagnards

      Son opposition aux excès de la Terreur la met rapidement en conflit avec les Montagnards, menés par Robespierre, Marat et Danton. Elle soutient les députés Girondins, accusés de trahison par la Convention montagnarde, et dénonce les menaces qui pèsent sur la démocratie.

En juillet 1793, elle publie une affiche intitulée « Les Trois Urnes ou le Salut de la Patrie » dans laquelle elle propose un référendum pour choisir entre la république une et indivisible, une république fédéraliste ou le retour à la monarchie constitutionnelle. Cet acte de défiance envers le nouveau régime lui vaut d’être arrêtée et emprisonnée.

Le procès et l’exécution d’Olympe de Gouges

      Traduite devant le Tribunal révolutionnaire le 2 novembre 1793, Olympe de Gouges se défend avec courage et intelligence. Cependant, elle est condamnée à la peine de mort pour avoir tenté de rétablir un gouvernement autre que celui de la République « une et indivisible ».

Le 3 novembre 1793, à l’âge de 45 ans, elle monte sur l’échafaud avec dignité et s’écrie:

« Enfants de la Patrie, vous vengerez ma mort. »

Son exécution marque la fin tragique d’une vie consacrée à la lutte pour l’égalité et la liberté.

L’héritage d’Olympe de Gouges : une inspiration vivace

Tableau « La Liberté guidant le peuple » d’Eugène Delacroix, 1830, Le Louvre – AdobeStock

      Olympe de Gouges est aujourd’hui reconnue comme une figure majeure du féminisme et de l’engagement citoyen pendant la Révolution française. Toutefois, elle a été longtemps oubliée par les historiens. Mais désormais, son nom est régulièrement évoqué pour une éventuelle panthéonisation. Et ce, en hommage à son combat visionnaire.

Une influence durable sur les mouvements féministes

      L’œuvre et le parcours d’Olympe de Gouges ont inspiré de nombreux mouvements féministes à travers le monde. Dès lors, Sa « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » reste un texte fondamental dans la lutte pour l’égalité des sexes.

Aux États-Unis, au Japon et en Allemagne, ses écrits ont été étudiés et analysés dès l’après-guerre. Ceux-ci contribuent à faire d’elle une figure phare de la fin du XVIIIe siècle.

Photo ci-contre: Portrait d’Olympes de Gouges par Alexandre Koucharski, fin du XVIIIe siècle.

***

Une reconnaissance croissante en France

      En France, la reconnaissance d’Olympe de Gouges est plus tardive, mais elle s’est amplifiée à l’approche du bicentenaire de la Révolution française. Ses textes ont été joués et édités. De plus, de nombreux articles universitaires ont mis en lumière l’importance de son œuvre dramatique et de ses idées avant-gardistes.

Aujourd’hui, son nom est honoré dans de nombreuses villes françaises, où des rues, établissements scolaires et bâtiments publics portent son nom. Son buste trône également dans la salle des Quatre-Colonnes du Palais Bourbon, siège de l’Assemblée nationale, en reconnaissance de son rôle précurseur dans la lutte pour les droits des femmes.

Olympe de Gouges en quelques mots…

      Le parcours d’Olympe de Gouges témoigne d’un courage et d’une détermination hors du commun. Cette dernière défie sans failles les conventions de son époque. Ainsi, elle ouvre la voie à l’émancipation des femmes et à la reconnaissance de leurs droits fondamentaux.

Son infatigable combat contre l’esclavage et pour l’égalité entre les races en fait également une pionnière de la lutte abolitionniste. Et Olympe de Gouges paie de sa vie son engagement révolutionnaire. Mais son héritage continue de raisonner à nos oreilles. Celui des mouvements pour la justice et l’égalité à travers le monde.

Olympe de Gouges restera à jamais une figure emblématique de la Révolution française, dont la voix retentit encore aujourd’hui dans les combats pour les libertés individuelles et collectives.


Lien utile: Olympe de Gouges sur Wikipédia


Articles récents:
  • Le martyr saint Papoul
    Le martyr saint Papoul, prêcheur du Ve ou VIe siècle, n’est pas seulement connu par un épisode tragique de l’histoire du Lauragais, c’est aussi un témoignage poignant de la ferveur de la foi chrétienne.
  • Antoine Mégret d’Étigny, un administrateur exemplaire
    Antoine Mégret d’Étigny, né le 28 novembre 1719 à Paris, il est un administrateur français remarquable qui laissa une empreinte indélébile sur les régions d’Auch et de Pau.
  • Olympe de Gouges, sa vie et ses combats
    Pionnière féministe à l’heure de la Révolution française, Olympe de Gouges est une figure emblématique. Elle inspire encore de nos jours pour affirmer les droits des femmes et milite contre l’esclavagisme.

Author: Edmond